Est-ce compliqué de lire de la littérature noire ? La réponse est oui. Un nombre incalculable viennent se dresser devant cet objectif. Si vous souhaitez lire de la littérature noire de manière récurrente, ce ne sera pas forcément facile.
1) Qu’est-ce qui peut freiner l’accès à la littérature noire ?
Les Maisons d’édition française ne sont pas friandes des livres mettant en scène des personnages noirs ou alors écrits par des personnes noires. Elles considèrent généralement cela comme de la littérature communautaire et lui reproche de ne pas être universelle. Pour être plus claire, elles assurent que la littérature noire n’est pas assez vendeuse, et que seul un public minoritaire (les noirs) liront ces livres car la population blanche ne sera pas intéressée. C’est très manichéen comme façon de voir les choses. La population c’est pas soit les noirs soit les blancs, il y a d’autres populations aussi. Mais l’édition française reste très blancho-centrée.
Si vous voulez avoir plus de choix en littérature noire, il faudra malheureusement tenter de lire en anglais. Les maisons d’édition américaines et britanniques sont plus enclines à publier des histoires écrites par des auteurs et autrices noires. La barrière de la langue est néanmoins déjà un frein en soi. Tout le monde ne parle pas anglais, et tout le monde n’a pas la capacité de lire en anglais.
Les histoires qu’on peut trouver en France seront donc très restreintes.
2) Pas assez de promotion
Le boulot d’une maison d’édition c’est aussi et surtout de faire la promotion des livres et romans qu’elle publie. Il y a très rarement de promotion de livres écrits par des auteurs noirs. Ils ne sont quasiment jamais mis en avant quand ils existent. Pourtant il y a plusieurs canaux de promotions : les affiches dans le métro, les critiques littéraires, les envois presse, les réseaux sociaux...
Y compris chez votre libraire préférée, si vous fouillez les rayons, peu de chance de trouver immédiatement un livre/ une BD écrite par un auteur noir.
Peu de chance également de trouver un livre écrit par un auteur noir directement mis en avant dans les librairies, sur les étals ou en tête de gondoles. Ils se font donc moins remarquer et sont moins lus.
Il faut vraiment fouiller à fond, ça prend du temps et de de l’énergie alors que pour la littérature blanche vous n’avez pas un centième de cette énergie à fournir. Tout est directement accessible.
3) La littérature noire, une littérature de niche ?
Les seuls livres qui sont facilement accessibles concernant la littérature noire sont tous ceux qui peuvent se distinguer dans la catégorie trauma-porn. C’est-à-dire tous ceux qui montrent des corps et des esprits noirs meurtris, victimes d’injustice raciale et de souffrance. The Hate You Give a été un best-seller en France. Comme si nous n’avions pas d’autre histoire. Mais j’en ai déjà discuté sur les réseaux.
Admettons que je veuille lire un genre précis. Par exemple un roman d’enquête. Mais avec des personnages noirs et une autrice noire. Ça va être compliqué car ma demande va devenir de plus en plus précise et ça restreint le champ des possibles. Alors que si je mets romans d’enquête ou roman policier dans n’importe quelle barre de recherche (google, fnac, amazon) j’aurais un choix illimité d’auteurs (blancs) avec des personnages (blancs) sans souci ! Pour avoir une banale histoire d’amour entre personnes racialisées il va falloir entreprendre des recherches. Parce que ce sera considéré comme quelque chose d’ultra-précis. Encore une fois parce qu’on en trouve peu sur le marché français.
Pareil pour la science-fiction, les romans historiques, les romans d’horreur de la danse, des sirènes etc.
4) Le prix et l’accessibilité
Les livres et histoires pensé par des écrivains noires ne sont pas toujours accessibles… financièrement. Je ne vous raconte pas la tête que j’ai fait quand j’ai vu un livre numérique vendu au prix de 26 euros !
Parfois ils sont plus cher que la moyenne des livres et ce n’est pas quelque chose que j’explique. Des formats moyens vendus à 22-23 euros. Des formats poches vendus 15 euros.
Bref, lire noir, ça coûte parfois plus cher.
Parlons aussi du numérique tiens ! Un format que j’affectionne particulièrement car il n’encombre pas ma chambre et mon appartement et que je suis actuellement entre deux continents.
Le fait que beaucoup de livres ne soient pas disponibles en format numérique car on ne prend pas le temps de les numériser est un gros bémol pour moi. Même ceux auxquels je pourrai avoir accès depuis le confort de chez moi, au Canada me sont interdits car pas en numérique.
5) La durée de vie du livre
Dernier point : certains livres bien qu’on sait qu’ils existent sont introuvables en libraire, et sur le net. Le livre existe mais on ne peut pas le lire. Ça encore on va dire que c’est normal. De nos jours les livres ont une durée de vie limitée. Le livre est publié, la ME fait sa promotion, le livre se vend tant qu’il est en tête d’affiche et puis après il retombe un peu aux oubliettes. Les livres qui ne se sont pas vendus retournent au pilon. Fin de vie. Du coup il y a des livres qu’on ne lira jamais.
Mais comprenez ma frustration quand je lis une intrigue alléchante et que JE N’Y AI PAS ACCÈS !
Je pense avoir fait le tour de la question. Ce n’est pas pour vous décourager au contraire ! Et si jamais vous ne savez pas vers quoi vous tourner, vous pouvez toujours faire un tour sur les réseaux sociaux et sur les blogs spécialisés (comme le mien par exemple) !
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